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                    A l'occasion de la Neuvième édition du festival "Raconte arts", un festival festif et créatif. Cette année là ses valises se sont arrêtées dans le village de Djemâa Saharidj, un village kabyle connu pour ses nombreuses sources.

Juillet 2012, "Un festival underground

sur les monts de la Kabylie!"

                    La manifestation est née en 2003 autour d’une conversation entre trois amis : Hacène Metref, président de la Ligue des arts cinématographiques et dramatiques de Tizi-Ouzou, Salah Silem, décédé depuis et Denis Martinez, artiste peintre exilé en France depuis 1994. Ce dernier cherchait alors à exposer ses oeuvres dans le pays où il est né en 1941. “Raconte-Arts s’est structuré autour de la volonté de présenter le travail de Denis". La première édition est organisée en 2004, faisant la place à toutes les formes artistiques. Ce festival expérimental et underground se veut aussi populaire et fédérateur. Des animations nocturnes sont ainsi proposées au plus grand nombre : déambulation aux bougies, nuit du conte… Raconte-Arts remet aussi au goût du jour le "Tajemait", le forum des villages kabyles.

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                   Invitée par l'association "Le Pied nu", présente depuis de nombreuses années au festival, je me retrouve ainsi catapultée dans ce petit village kabyle ne sachant pas encore que j'allais y vivre une des expériences humaines les plus riches de ma vie...

                    Je commence par rencontrer mes compatriotes intervenants du festival. Beaucoup de marseillais et de français, mais aussi des Algériens et des Africains. Le festival est d'abord un festival autour du conte, à celà s'est greffé de nombreux musiciens en tous genres: Gnaouis, accordéonistes, flûtistes, joueurs de oud, etc; plasticiens, écrivains, poètes, et j'en passe. C'est la rencontre et l'échange qui priment!! De même les habitants du village sont aussi invités à être acteurs de ce festival, afin qu'il  devienne peu à peu leur festival. C'est ce qui en fait sa spécificité et perso j'ai jamais vu ça ailleurs. Il y a quelques moments forts qui sont prévus, c'est à dire avec un jour et une heure mais les trois quart c'est du free style, à chacun de l'inventer et de le vivre. Par exemple raconter un conte au café ou dans la cour d'une maison, s'assoir au pied d'un arbre et accompagner un chanteur, écrire un texte et le coller sur la place publique, etc. On ne sait jamais ce que la journée nous réserve et c'est vraiment magique!

                    La preuve en vidéo, impro sous le Tajemait, avec en fond sur le mur les débuts de la fresque de Denis:

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                      Moi aussi je suis venue pour réaliser une fresque avec les enfants de Djemâa... Mais aussi pour des collages de photos des habitants:

            Dans les maisons, l'eau courante n'existait presque pas, ou, quand elle était installée, coulait normalement au rez de chaussée, un peu moins au premier étage, encore moins au deuxième, jusqu'au goutte à goutte du dernier étage!! Du coup, plusieurs fois par jour, il fallait aller remplir les jerricanes à la fontaine la plus proche. Incroyable endroit de rencontres! Je me souviens notamment de la fontaine dite "des femmes", "Thala Madhel" où nous nous retrouvions toutes au fil de la journée  pour diverses besoins: ravitaillement, lessives, etc... Des moments incroyables de fous rires et de découvertes des unes et des autres. Les femmes Kabyles sont très ouvertes, elles te parlent facilement d'elles et de leurs conditions. J'ai trouvé tellement de portes ouvertes dans ce village, une vraie leçon de vie.

             Le petit déjeuner du matin au café était aussi un véritable moment privilégié. Anecdotes, moments de vies, sourires, blagues, tout s'échangait!

               Evidemment, malgré le tableau que j'ai dépeint jusqu'à présent, ce n'était pas non plus le village des bisounours... Le plus difficile à  quoi j'ai dû faire face c'est à la condition des jeunes hommes. Je parle des jeunes hommes et non des jeunes femmes car du fait de leur culture l'avenir des femmes est de se trouver un mari et de s'occuper du foyer. Alors que les hommes pensent à trouver du travail, ce qu'il y a peu à la campagne. Et surtout leur condiiion de kabyle face à l'état algérien. Ils ont toujours peur, ils ont vécu des choses atroces et pour beaucoup ils sont très pessimistes sur leurs lendemains. Déjà les jeunes "arabes" sont dans une impasse et un certain désarroi, mais les "kabyles" c'est un degré au dessus. Je me souviens de discussions avec un jeune du village, Salah, parfois joviales et exaltées, mais parfois aussi très sombres. Que dire, que répondre, toi qui est simplement de passage et que déjà par cette action il t'est permis de bouger de ton pays alors qu'à la personne en face de toi il ne l'est pas. Comment imaginer ce qu'il peut bien vivre? ils vivent au jour le jour, à la débrouille, du travail au champs, du commerce, de l'artisanat...

.........................................................................................................................................Le village aux multiples sources.............................................

                 J'ai vraiment passé des moments rares dans ce petit village kabyle. Très souvent je pense à eux, à leur joie de vivre, à leur générosité, à leur simplicité. Depuis je n'ai pas réitéré le festival, je crois que cette année là pour moi c'était tellement intense que j'ai peur d'être déçu... Je préfère rester sur ce souvenir...

                Dans tous les cas, je conseille à tout le monde de faire cette expérience une fois dans sa vie...

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